Les Fines Goules en finale de la Caisse Mystère
La séance de la « caisse mystère » est l’emblématique moment de la saison où nous pouvons tous nous ridiculiser à gorge déployée pour avoir vendue la peau de l’ours avant de l’avoir tuée de Charydbe en Scylla pour finir en un salmigondis de galimatias.
Bref on en mène pas large à tenter de deviner les vins à l’aveugle, le jeu étant de nous en sortir avec le panache qui manque à nos talents de dégustateurs.
Cette année, nous profitions de l’enthousiasme de Benoit qui non seulement a mis en ligne sur le réseau internet mondial notre nouveau blog mais aussi a trouvé dans son caviste du coin un relai enjoué pour nous concocter une caisse mystère de six vins rouges français représentatifs de leurs régions.
Merci donc à la Grande Cave de Coignières pour avoir joué le jeu aussi efficacement : cela faisait longtemps que nous avions aussi peu de choses à redire sur le choix des bouteilles pour que notre mauvaise foi nous permette d’excuser nos fourvoiements.
La caisse mystère avait été précieusement conservée dans le top-case scellé de Benoit, avec la cérémonieuse enveloppe des solutions.
Comme recommandé par le caviste, les bouteilles avaient été chambrées avant le début de la séance en les transvasant dans des bouteilles bordelaises anonymes pour ne donner aucun indice et en carafe d’aération pour la dernière bouteille.
Malheureusement, même si la date de la soirée nous a permis d’être presque au complet hormis nos Koh-Lantiens versaillais partis se ressourcer deux semaines loin du vin sur les plages et dans la jungle asiatiques, les Fines Goules nourrissent en son sein des amateurs de cet autre spectacle télévisuel qu’est le football.
Soirée foot donc que notre hôte et auteur de ces lignes a pu contenir jusqu’à la dégustation de la dernière bouteille avant que le centre d’intérêt de la soirée bascule de la table vers l’écran. Soirée « Panem et Circenses » pour ceux qui ont faits latin 3ème langue.
Je peux tolérer que l’on parle pendant nos dégustations de cépages d’aussi peu d’intérêt que cette grande gueule de Merlot et de régions comme la Champagne où la culture du vin corrompt les sens. C’est un peu comme laisser parler de football des supporters de l’OM ou du PSG, les uns étant persuadés d’être les seuls à jouer au foot en France et les autres évoluant sur une autre planète financière du sport.
Tous nos champions de la Caisse Mystère étaient là pour remettre en jeu leur titre passé : Raf, Kiki, Cédrig et Cyril. Baptise, notre Yznogoud, était à nouveau parmi nous dans la roue de notre vizir Kiki avant de partir à nouveau à vrille à force de ne pas recracher.
Kiki, notre compétiteur des championnats de France de dégustation de la RVF, était en charge d’établir la grille de notation. Même si Baptiste a essayé de gagner quelque-chose ce soir en voulant nous convaincre d’adapter une grille de notation plus clémente aux médiocres, nous avons validé la reconduction du barème de distribution des points par bouteille de l’année dernière.
Pour les archives,
Le numéro du vin de 1 à 6 : pas de point. Juste dommage pour celui qui confond les numéros !
Le cépage : une seule réponse autorisée. 1 point entier arrondi au plus proche par tranche de 10% du cépage nommé dans l’assemblage. C’est-à-dire 10 points maximum pour un vin monocépage.
Par exemple pour un GSM, Grenache 47%, Syrah 43% et Mourvédre 10%, répondre Syrah remporterait 4 points. Répondre Grenage remporterait 5 points.
AOC : 7 points pour l’AOC exacte et 4 points si l’AOC citée est fausse mais dans la région de production de la bonne AOC. Les régions étant définies suivant la liste : Bordeaux, Bourgogne, Loire, Alsace, Languedoc-Roussillon, Provence/Corse, Sud-Ouest, Jura/Savoie, Côtes du Rhône, Champagne.
Millésime : 3 points pour le bon millésime. 0 point pour toute mauvaise réponse.
Domaine/Producteur : 3 points. La probabilité de trouver le producteur est négligeable mais en hommage à la bouteille que Cégrig avait reconnue de son caviste et qui lui avait valu de remporter le titre.
Nom de la cuvée : 2 points. Pour ceux qui seraient tentés de grappiller des points avec les fameuses cuvées « Vieilles Vignes », « Tradition » et autres « Prestige ». Pas de points pour les contrepèteries.
Et comme pour nos dégustations classiques, une note de plaisir personnelle, pour bien enfoncer ceux qui ont des préjugés contre des cépages ou des appellations. L’humiliation suprême serait par exemple que je mette à l’aveugle plus de 13 à un Merlot ou à un Bordeaux.
La preuve que nous pouvons féliciter notre nouveau caviste pour le choix des bouteilles de la caisse mystère est que les scores n’ont jamais été aussi élevés dans la reconnaissance des vins. Avec nos deux champions Kiki et Raf s’en sortent particulièrement bien malgré la frustration de ne pas pouvoir regarder leur match de foot, le premier avec les bonnes clés pour trouver les cépages (5 cépages trouvés sur 6 bouteilles) et le deuxième pour sa chance de macroniste à trouver les deux appellations Moulin à Vent et Côtes du Rhône Villages (et 3 cépages).
D’autres stratégies ont été tentées pour glaner quelques points : la cuvée « Prestige » déjà un peu hasardeuse pour des vins qui ne viennent pas de grandes surfaces ou que dire de la tentative de recréer la famille de vignerons Martin en six vins. Une autre approche a été de mettre le Cabernet Franc dans 6 régions de France, tactique finalement payante quand est venue la bouteille d’Anjou. Je ne citerai pas les noms de ses brillants tacticiens de fond de classement puisque je ne dirai pas non plus qui a trouvé intelligent de sortir des avenues des cépages pour s’aventurer dans les ruelles du Nielucciu, du Cinsault et du Fer Servadou.
Les deux vins parenthèses de la séance : un blanc de Galice (Albarinio) pour l’apéro et remettre à zéro les papilles ; et un sauvignon de Sancerre post-dégustatio pour laver la bouche et accompagner les fromages.
Les six vins du jeu de la caisse mystère, dégusté à l’aveugle en bouteilles bordelaises, dans l’ordre de dégustation défini par le caviste.
Vin #1
Cépage Gamay (10 points)
Appellation Moulin à Vent (7 points) ou région Bourgogne (4 points)
Millésime 2015 (3 points)
Producteur : Michèle et Françoise Descombes (Domaine de la Fistinière non acceptée non plus, alors que j’avais arrêté la Francomtoise pour ne pas énerver les ennemis du Gamay et de la bienséance).
Cuvée « Les Perelles » (« Vieilles Vignes » n’a pas été accepté bien qu’imprimé sur l’étiquette, pas plus que cuvée Gertrude)
Note moyenne : 12,8 (l’avant dernière de la séance, mais pas significativement différente de la première note). Un gamay un peu décevant surtout pour l’appellation de renommée mondiale comme le clame l’étiquette. Beaucoup ont trouvé le gamay (normal dans la logique du premier cépage de la soirée).
Vin #2
Cépage Lladener pelut (10 points), cépage catalan cousin du Grenache Noir, comme il ne se distingue du Grenache que par les poils sous les feuilles, nous avons accepté 10 points pour les réponses Grenache, Cyril n’ayant pas été en mesure de reconnaitre ce cépage original.
Appellation Côtes Catalanes (7 points) ou région Languedoc-Roussillon (4 points)
Millésime 2015 (3 points)
Producteur : De Mena (« Me Mes Deux » non acceptée)
Cuvée « Clandestine » (« Pré Clandestine » non acceptée)
Note moyenne : 12,8 (l’avant dernière de la séance ex-aequo avec le vin#1, mais pas significativement différente de la première note). Les poils de ce grenache ont détourné Kiki de la bonne solution, ce qui n’a pas gêné Raf ou Cédrig qui reconnaissent leur Grenache malgré la barbe.
Vin #3
Cépage Malbec. Bravo à Kiki que son analyse de la balance acidité/tanins a orienté vers le bon cépage alors que la couleur et le fumée/pierreux ont emporté beaucoup de monde sur la Syrah au nord du Rhône.
Appellation Cahors (7 points) ou région Sud-Ouest (4 points)
Millésime 2015 (3 points)
Producteur : Château de Croisille
Cuvée « La Pierre» (« les Roches Bleues » refusées)
Note moyenne : 14,2 (le deuxième vin de la dégustation. Divise les dégustateurs)
Vin #4
Cépage : Grenache 60% (6 points), Syrah 40% (4 points).
Appellation Côtes du Rhône Village (7 points) ou région Côtes du Rhône (4 points)
Millésime 2015 (3 points)
Producteur : Château Bois de la Garde
Cuvée : pas de nom
Note moyenne : 14,1 (le troisième vin du podium de la séance)
Vin #5
Cépage. Syrah 70%, Grenache Gris et Noir (20%), Mourvèdre (10%), Carignan (pas facile de trouver la solution des % exacts pour notre jeu)
Appellation Corbières (7 points) ou région Languedoc-Roussillon (4 points)
Millésime 2014 (3 points)
Producteur : Château Lalis
Cuvée « La Mondaine »
Beaucoup d’erreurs sur ce vin avec seulement Kiki qui reconnait la Syrah et le Languedoc.
Note moyenne : 15,1 . La meilleure note de la séance pour le vin que 90% des Fines Goules n’ont pas reconnu. Comme quoi l’amour est aveugle.
Vin #6
Cépage Cabernet Franc (10 points)
Appellation Anjou-Villages Brissac (7 points) et région Loire (4 points)
Millésime 2014 (3 points)
Producteur : Domaine de Bablut
Cuvée Petra Alba
Note moyenne : 11,3 (la plus mauvaise note de la soirée, significativement différente des vins du podium).
Le podium des Fines Goules 2018 après la caisse mystère
Notre classique arbre non pas généalogique, mais de rapprochement des Fines Goules d’après leurs goûts pour les 6 vins de la séance:
Les 6 vins de la soirée regroupés d’après les goûts des Fines Goules: